J’ai eu connaissance de ce recueil par la jolie critique qu’en fait Eloah sur son blog « Bulles et Bidouilles« , et qu’elle a très amicalement accepté de me prêter. Il me semblait en avoir entendu parler, mais pas dans les lieux habituels que je fréquente, consacrés à la naissance et à l’accouchement en général, ce qui, réflexion faite, aurait dû me faire comprendre que ce que j’allais trouver dans ce livre n’emporterait pas forcément mon adhésion.
Il s’agit d’un recueil collectif, qui se présente comme les récits de naissances de 8 femmes écrivains ; mais il me semble plutôt qu’il s’agit non du récit d’expériences de la naissance, mais plutôt en général de l’après-naissance ; non de la naissance elle-même mais de ce qu’elle a pu engendrer, transformer, voire briser. Il faut reconnaître à ces huit histoires le talent de l’écriture, que je ne remets aucunement en doute, et que je salue même : c’est bien écrit, et chacune touche de sa plume un univers bien particulier. Mais je n’y ai pas trouvé ce à quoi je m’attendais, et plusieurs fois je n’ai pu m’empêcher d’être peinée par les expériences que je lisais, qui sont si loin pour moi du vécu respectueux de la naissance… et pour autant, je n’ai pas été touchée, ces histoires ont glissé sur moi sans m’entailler, sans m’émouvoir : je ne m’y reconnais pas et rien de nouveau ne m’a été apporté comme regard sur ces moments si précieux – et pourtant des récits de naissance, j’en ai lu, écrits par des anonymes, qui ont réussi à me faire pleurer, d’émotion ou de colère…
J’excepterai cependant l’un des récits, le tout premier, celui de Marie Darrieussecq, « encore là ». Placé en ouverture du recueil, il n’en donne cependant – malheureusement – pas le ton général ; mais sa puissance, la force de son écriture, dans ce qu’elle a justement de fictionnel, savent emporter le lecteur et lui faire toucher du bout des doigts ce que l’on peut nommer la détresse maternelle. D’un ton aussi froid que le bloc opératoire dans lequel elle se trouve allongée, anesthésiée pour la mise au monde de son enfant, la narratrice entame le bref récit d’une descente aux enfers, mais comme d’en-dehors, et la réelle force de ce récit tient justement à la communication d’une émotion réelle, intense et palpable, sans jamais que ne soient prononcés les mots pathétiques et sirupeux auxquels il serait convenable de se soumettre. Aucun des autres récits n’atteint à cette puissance, et c’est bien là mon regret, et somme toute ma déception.
Mais je remercie vivement encore Eloah pour le prêt de ce petit opus, dévoré en moins d’une heure.
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